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Allen Iverson
Gérard RancinanUn mot sur l'oeuvre
GRAN006
Début des années 2000, Allen Iverson commence à exploser et sa classe éclabousse la NBA. Sur son seul talent il emmène son équipe, les modestes Sixers de Philiadelphie, au plus haut niveau. Ils iront jusqu’à la finale NBA en 2001 contre les Lakers. Il y avait un moment que le grand magazine américain Sports Illustrated voulait faire sa couverture avec lui. Mais à chaque fois qu’ils avaient organisé une séance photo, le joueur avait “oublié“ le rendez vous... «Ce n’est pas qu’il est désagréable», disaient-ils, «c’est juste qu’il s’en fout et ne fait que ce qu’il veut». Steve Fine, directeur photo du magazine, appelle Gérard Rancinan pour lui confier la mission de la dernière chance.
La photo s’est faite en avril 2000, la séance qui a duré quelques minutes s’est déroulée dans un salon du stade des Philadelphie 76ers, en marge d’un match que le champion, légèrement blessé, ne jouait pas.
Le témoignage de Gérard Rancinan
Steve Fine m’avait prévenu que la mission n’était pas facile et qu'il ne m’en voudrait pas si j’échouais. L’homme, Allen Iverson, n’était pas selon lui facile à gérer.
Je suis arrivé au stade pour le rendez-vous organisé avec le staff de l’équipe. Un des joueurs, un canadien qui parlait français se marrait : « Vous avez rendez-vous avec Allen, bon courage!» Tous les joueurs au retour de l'échauffement ont défilé devant moi en se rendant aux vestiaires et un peu après les autres, j’ai vu débouler Iverson, en tenue «civile» , genre gangsta rap, un look d'enfer. On a un peu discuté, je lui ai montré le genre d’image que je faisais, mes portraits des grands de ce monde, le Pape, Fidel Castro.. Il a apprécié d’un grognement. Je lui ai expliqué la photo que je souhaitais faire, tenté de le convaincre qu'il devait être en tenue de basket, qu’il devait se changer... Je lui ai aussi expliqué pourquoi je comptais utiliser des roses fanées comme accessoires pour la photo, qu'elles étaient censées symboliser le côté éphémère de la gloire.
Il a vaguement soulevé un sourcil. Dans son jargon de rappeur, il m’a dit qu’il allait revenir, mais franchement, je n’y croyais pas vraiment.
J’avais tout installé dans un coin de la pièce, la lumière, le fauteuil, tout était prêt... Et il est revenu.
Le choix de Jean-Denis
Gérard Rancinan dit souvent qu’en matière de portrait , ne faire qu’une jolie photo n’a aucun intérêt pour lui, mais qu’il faut qu’elle propulse le sujet dans ce qu’il est. Que l’image raconte une histoire, son histoire.
Pour celle-ci et comme souvent, il a atteint l’objectif.
Non seulement elle raconte tout d’Allen Iverson, jeune homme issu d’une famille très modeste brutalement touché par la gloire. Encore très jeune il été surnommé “The answer“ pour sa capacité à percer les défenses et aussi parce que certains voyaient en lui une réponse à la retraite de Michael Jordan. C'est dire.
Mais comme une prédiction, par l'allégorie des roses fanées elle raconte aussi son futur quand on sait aujourd'hui comme sa carrière s’est mal terminée (Il a officiellement annoncé l'arrêt de sa carrière en aout 2013, à presque 40 ans et après une dernière pige anonyme et sans relief dans le championnat turc).