Pauline Ballet
France
Bio
Pauline est née et a passé ses premières années à Lyon, au sens large. Très vite elle a commencé à bouger et la famille avec elle dans le sillage de son père dont les obligations professionnelles l’emmenait à droite à gauche. Elle a dix ans et vit à Istanbul, c’est là qu’est né son amour de l’image. C’est venu naturellement, par le truchement de ce qu’elle avait sous les yeux. Les monuments, la lumière qui se lève sur le Bosphore… Elle a commencé à capturer tout ça à l’aide d’appareils jetables dont elle faisait une consommation effrénée.
Un peu plus tard, installée en banlieue ouest, elle vient souvent découvrir Paris et dévalise littéralement les commerces pour touristes des quais de Seine. Elle y achète des cartes postales des humanistes, Henri Cartier Breson, Robert Doisneau, Willy Ronis qui raconte le Paris d’avant.
Sa chambre en est tapissée.
Ses parents se disent qu’il va falloir l’aider à étancher cette soif inextinguible et lui offre son premier appareil, un Olympus qui vient de Tonton Robby qui l’a laissé un peu en plan.
Elle adore l’objet, veut apprendre et fouille internet à la recherche de tutos qui proposent en substance : « Apprendre la photographie Noir et blanc ».
Elle y dégotte un stage à Uzès, Noir d’Ivoire, animé par Yann de Fareins et son épouse également photographe. Yan sort de la célèbre Ecole nationale de la photographie d’Arles, un must.
Ils enseignent tous les actes photographiques. La prise de vue, le développement des pellicules et comment faire les tirages. Encore aujourd’hui, elle considère que Yann a été déterminant dans sa carrière.
Elle veut intégrer l’illustre école elle aussi mais doit passer par deux années universitaires, il faut bac +2 avant de candidater.
Elle trouve une licence hybride, littérature et Art, la partie Art étant centrée sur l’histoire du Cinéma. Elle se régale et continue d’alimenter l’iconographie de son disque dur.
Elle est admise l’école où elle se trouve parfois décalée, comme si elle n’était pas légitime. La plupart des étudiants de sa promo sont déjà dans leurs projets artistiques, plus aboutis, assumés. Elle se cherche encore.
Elle fait plusieurs stages à Télérama, sous l’aile protectrice de Laurent Abadjian le directeur de la photographie. Elle s’intéresse beaucoup au travail des grands portraitistes qui collaborent au magazine, ça la fascine, mais elle n’en fait pas. Elle veut saisir l’instant.
Un peu perdue au moment de démarrer sa vie professionnelle, elle se dit qu’elle va trouver un boulot d’appoint autour de la photo pour prendre le temps de réfléchir.
Elle intègre ASO (Amaury Sport Organisation) et travaille aux archives. Elle trie, classe, légende les photographies des évènements et parfois ce qu’elle a sous les yeux lui pique un peu les yeux. Les dirigeants se souviennent de sa formation et lui propose de dépanner comme photographe sur certaines courses organisées par la société.
Elle applique sa manière de faire et de voir surtout. Elle est tout de suite happée par cet univers.
Une de ses premières sorties l’amène dans l’effervescence du Mur de Huy, la montée finale de la la Flèche Wallonne qui est un grand lieu du sport cycliste. Le spectacle est sur la route et sur les trottoirs. Elle est conquise et ses patrons aussi :
« Comment tu fais ça ? c’est génial » .
Pas cons, ils ont tout de suite compris que leur course est plus belle dans les yeux de Pauline. Quelques mois plus tard elle est au départ du Tour pour ASO bien sûr, l’organisateur.
Pendant quelques temps, elle imagine faire ça en attendant. Elle se triture les méninges concernant son véritable projet. Un jour, elle se dit : « Mais pourquoi tu réfléchis à ton rêve puisque tu le vis déjà ? ».
Pauline, aujourd’hui indépendante, est une photographe de sport, cet univers continue de la fasciner et elle n’imagine pas comment ça pourrait s’arrêter.